Nous présentons dans ce N° 4 de « La Lettre », une biographie du peintre Henri ZUBER, située dans son temps. L’époque de sa vie a été marquée, sur le plan pictural, par un foisonnement d’idées nouvelles, une extrême abondance de méthodes, d’écoles plus ou moins officielles. de groupes souvent disparates, que l’on a appelés, pas toujours avec bienveillance et souvent sans l’accord des peintres, de toute une gamme de noms qui sont restés dans l’histoire de l’art réalisme, impressionnisme, symbolisme, pointillisme, expressionnisme, fauvisme, cubisme, etc.. Nous évoquerons dans un prochain numéro ce qui se cache sous ces appellations.
A côté de ces nombreux courants s’est maintenue une tendance que l’on a appelée naturalisme, bien que nous préférions Ecole de lu Nature, qui perpétuait les idées des peintres de Barbizon et dont un des plus éminents représentants fut H. Zuber. Il savait répondre aux goûts de son époque et sans doute parce qu’il n’avait rien d’un « révolutionnaire « , il rencontra de réels succès.
Extrait de « Essai sur le paysage » d’Henri Zuber« Des trois éléments principaux qui composent le paysage, le ciel, les eaux et la terre, le premier est de beaucoup le plus important, en ce sens qu’il est le régulateur de l’effet, c’est a dire de la combinaison harmonique qui produit une sensation déterminée ».
Extrait de « Essai sur le paysage » d’Henri ZuberEntre le brouillard opaque de certains jours d’hiver, qui laisse à peine deviner les objets à quelques pas, et l’atmosphère limpide qui enveloppe une matinée de printemps, que de degrés intermédiaires où la netteté des plans successifs s’affirme plus ou moins. On conçoit de quelle ressource est, pour le paysagiste, la perspective aérienne c’est elle, en effet, qui lui permet avec le jeu des nuages dans le ciel, de modifier à son gré l’effet de son tableau. Tous les grands paysagistes et surtout ceux qui n’ont pas eu recours à la figure humaine ou aux animaux pour compléter leurs compositions, ont recouru largement à cette ressource qui leur a fourni les effets les plus puissants et souvent les plus imprévus.
Extrait de « Essai sur le paysage » d’Henri ZuberSi l’écorce terrestre peut être considérée comme le corps du paysage, la végétation en sera le vêtement et les eaux la parure. Ces vêtements et cette parure sont de véritables trésors dans lesquels le paysagiste puisera pour enrichir son ouvrage.
Sortant de l’atelier de Gleyre, Zuber adhère à un style que toute l’évolution condamne la peinture des sujets classiques, mythologiques ou religieux. Il exposera en 1873 Le bain des nymphes et l’année suivante : Hylas et les nymphes. La critique est admirative de la technique, mais il s’y mêle un brin d’humour. Zuber abandonnera très rapidement ces sujets ; le dernier tableau académique sera Dante et Virgile en 1878.
On dit parfois que Troyon est le peintre des troupeaux, Charles Jacque celui des poulaillers, Chaigneau des moutons et Millet des durs travaux de la vie paysanne. Zuber, comme ses contemporains, répond à la sensibilité rurale du temps. Il peindra des troupeaux de vaches, d’oies ou de moutons, dans un cadre champêtre, et les exposera avec un grand succès au Salon.
Extrait de « Essai sur le paysage » d’Henri ZuberSi l’on veut bien réfléchir à tout ce qui se passe entre la voûte céleste et la terre, du point de vue des phénomènes lumineux, on restera surpris de la quantité de combinaisons qui peuvent se produire… L’espace infini du ciel distribue la lumière de la manière la plus imprévue, relie notre globe aux espaces immenses et donne la notion de l’infini.